A la fin du XIIème siècle, l’ordre des Templiers, dont quelques membres desséchaient alors les lagunes de la Méditerranée, est représentée en Bas-Poitou par la Commanderie de Puyravault.
En 1300, la Commanderie est dirigée par Guillaume de Bléré. Il y fût le dernier Templier.
C’est Frère Jean Le Sauveur, de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, qui est prieur à Puyravault, en 1439.
Le 5 septembre 1469, une entrevue se déroule entre Louis XI et son frère Charles de Guyenne pour se réconcilier au lieu-dit le Gué du Braud, aujourd’hui le Pont du Braud. Les archives associent cet évènement à la vie de la Commanderie qui avait, parmi ses attributions, celles d’escorter et d’accueillir les voyageurs demandeurs de protection.
Le 23 Février 1644, Frère François Petit de la Guiesche, commandeur, consent à céder ses terres de Puyravault à l’association du Marais Commandeur. C’est une cure qui, désormais, entretient les biens immobiliers : un bâtiment conventuel et l’église.
En 1970, des travaux de restauration sont entrepris. Les dimensions de l’église d’origine restent inchangées ce qui en fait une référence architecturale de la période romane.
Depuis 1991, l’église paroissiale est classée Monument historique.L’église fait partie d’un ensemble établi dans un domaine agricole.
Des emplacements d’anciennes portes apparaissent dans le mur mitoyen de l’espace réservé à la vie conventuelle.
L’édifice est un vaisseau unique sans transept voûté en berceau brisé.
Le piquage inopiné d’une partie du plafond laisse apparaître l’appareillage de la voûte.
La nef est prolongée par un chevet plat.
Ce volume très simple est recoupé par un arc-doubleau, reposant sur deux colonnes engagées et maçonnées. Ces dernières délimitent un chœur sensiblement carré, auquel trois marches permettent d’accéder.
Le chevet est percé d’une fenêtre axiale qui a remplacé, au XVIIème siècle, la lancette d’origine.
Les murs latéraux, quant à eux, ont gardé leurs ouvertures primitives de l’époque romane.
C’est une construction massive aux murs épais, renforcée de contreforts peu saillants qui se retournent sur les angles. Ils montent jusqu’à la corniche habillée de modillons médiévaux couronnant les maçonneries.
La façade comportait à l’époque romane un petit portail très simple dont l’arc nu est souligné à l’extrados d’une rangée de pointes de diamant.
Transformé au début du XVIème siècle, le nouveau portail a été établi à l’intérieur de l’ancien. La dernière voussure s’appuie sur deux culots décorés d’anges qui portent des armoiries.
Au-dessus, une grande baie mince a été murée.
Quatre corbeaux, alignés avec une ancienne base, témoignent de la construction passée d’un porche en bois.
Enfin, au-dessus du niveau du toit, une double arcature forme le clocher, construit en 1970 sur le modèle de l’original.
On peut remarquer, également, des modillons tout autour de l’église, juste en dessous de la toiture, alternant avec des métopes simples et sans décor.
Observation de trois d’entre eux : un évoque le mécréant, l’agressivité ; ses traits sont grossiers et sa bouche ouverte ; près de lui un monstre, représentation du diable.
Un visage féminin renvoie à la luxure; un autre présente un visage au crâne lisse qui pourrait évoquer celui de l’insensé.
Près de la porte, un bénitier du XIIème siècle présente un calvaire surmonté d’une croix à cornes : Ils avaient pris la croix pour combattre le croissant ; pour les chrétiens le mal était l’islam.
La croix est ici l’emblème d’un triomphe.
Les premiers vitraux, datés de 1865, témoignent du passé religieux de la commanderie.
L’un d’eux représente un chevalier en armes, le regard tourné vers l’Est ;
l’autre, l’apôtre Jean avec à ses pieds une inscription sur un phylactère « PRO FIDE » ce qui signifie « Fidèle par-dessus tout », comme le voulait l’engagement des Templiers.
A gauche de l’autel, la vierge et l’enfant ; à droite, Joseph et l’enfant.
Ils représentent la Sainte Famille.
Le globe est le symbole de l’universel ; dans la main de l’enfant il est la préfiguration de l’autorité souveraine et universelle du Christ, Fils de Dieu.
Diamètre : 670mm
Poids : environ 190 Kg
Inscriptions :
+PARAIN Mre PIERRE AVGVSTE DE MASTIN CHEVALIER DE L'ORDRE ROYAL ET MILITAIRE DE St
+ LOVIS MARAINE DAME IEANNE GILLOIS EPOVZE DE MONsr DE MASTIN LA GROSSE A--TE
+FONDUE AV DEPENDS DE LA PAROISSE PAR LES SOINS DE Mre ETIENNE BIAILLES DE LA ROVLIERE
+BACHELIER EN THEOLOGIE DE CVR DE PVYRAVEAV 1744
ALABRE MA FAITE
La cloche la plus importante, appelée MARIE, date de 1744 et est classée dans le répertoire des biens et monuments historiques depuis 1943.
Intérieur :
Hauteur : 9m48
Longueur : 18m96
Largeur : 6m32
Extérieur :
Longueur : 21m62
Largeur : 8m98
Dans la « revue des monuments historiques », en 1963, Jean-Pierre PAQUET démontrait que les propriétés du théorème de Pythagore ont servi de bases aux réalisations des constructeurs romans en particulier, qui les ont employées d’une manière certainement empirique.
En résumé :
« Prenons un cordeau et marquons le de 12 divisions égales et successives ;
faisons le tenir par trois aides de façon à le plier et le tendre en un triangle de côtés 3,4 et 5 et nous aurons matérialisé à grande échelle un angle droit. »
Ce principe permettait d’implanter rapidement sur le terrain une sorte de quadrillage à partir duquel les ouvriers pouvaient élever les maçonneries avec un minimum de risques d’erreur.
A Puyravault, le quadrillage s’applique d’une manière trop parfaite pour être fortuite.
La maille de 1.58m, intervalle entre deux noeuds, correspond à l’épaisseur du mur à l’aplomb des contreforts ; de plus, elle coïncide avec les dimensions de la nef (12 mailles de long pour 4 de large et 6 pour la hauteur).
Quant aux diagonales, elles permettent de déterminer les axes d’ouverture et l’emplacement des colonnes.
D’ailleurs, les dessins parlent d’eux-mêmes.
A l’occasion de l’étude de ce monument, les recherches ont été faites sous l’égide du Service des monuments historiques.
Source : Dossier de Marie Christine MURAIL – Office du tourisme et syndicat d’initiative du canton de Chaillé-les-marais 1997-1998 | Michel Dillange : historien spécialiste du Moyen-Age